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On ne le répétera jamais assez, le succès en digiscopie passe par l’assemblage d’éléments compatibles et performants : longue-vue, APN, adaptateur, mais aussi trépied et rotule. Le moindre maillon faible dans cette chaîne peut être une cause d’échec. Le trépied et surtout la rotule (ou « tête ») sont souvent considérés comme de simples accessoires et leur choix est parfois bâclé. Or, ils vont soutenir le digiscope et être chargés de lui assurer des mouvements doux et précis. Leur rôle est en fait essentiel, surtout quand il s’agira de réagir promptement sur le terrain.

Cadrage délicat

Le cadrage en digiscopie est particulièrement délicat. D'une part, le champ de vision du digiscope, avec son grossissement de 30x ou plus, est de l'ordre de 1°. De plus, il faudra venir placer le sujet, ou la tête du sujet, précisément dans le petit rectangle où l'APN calcule sa mise au point et son exposition. Cela demande donc non seulement une précision de cadrage quasi-chirurgicale, mais aussi d'arriver très rapidement à ce cadrage ultra-précis, car les sujets à photographier ne sont pas toujours patients.

Pour y parvenir, deux éléments entrent en jeu :

• l'équilibre du digiscope

• la qualité de la rotule.

Il est important que le digiscope soit bien équilibré sur le trépied, sans tendance excessive à basculer vers l'avant ou vers l'arrière. Une telle tendance résulte en effet inévitablement en un mouvement de l'ensemble au moment du serrage de la rotule, avant de prendre la photo. C'est parfois infime mais c'est déjà trop et tout est alors à refaire... si le sujet veut bien attendre.

Platine d'équilibrage

Certaine longues-vues sont mieux équilibrées que d'autres, mais l'addition d'un adaptateur et d'un APN perturbera de toute manière l'équilibre global. Il existe des modèles de longues-vues pourvus de plusieurs trous de fixation. On peut alors choisir celui qui convient le mieux à l'équilibre, mais le résultat n'est pas forcément probant. Certaines rotules ont une plaque de fixation "glissante" qui permet d'optimiser l'équilibre dans une certaine mesure. Une alternative est l'usage d'une platine d'équilibrage qui rend possible un ajustement très précis du centre de gravité du digiscope juste au-dessus du trépied et qui, de ce fait, combat la tendance au basculement intempestif.
Avantages : système simple, peu coûteux et efficace
Faiblesses : assemblage plus complexe, tendance à se dévisser, source de quelques vibrations, poids supplémentaire (qques 100aines de grammes pour une bonne platine métallique rigide)

La platine d'équilibrage se fixe d'une part à la longue-vue et d'autre part à la rotule ou à son sabot de fixation rapide. Elle permet un positionnement millimétrique et un équilibrage parfait du digiscope.

Rotules tri et bidirectionnelles

Vient ensuite le choix de la rotule qui est très important, car il définira la précision et la fluidité du mouvement.

On différencie généralement les rotules photo, ou tridirectionelles, et les rotules vidéo, ou bidirectionnelles. Les premières peuvent placer l’appareil en position « portrait » (image rectangulaire dont le grand côté est vertical) en le basculant sur le côté, ce qui peut être utile en photo. Les secondes ne peuvent le faire, puisque l’on filme toujours en position « paysage » (image rectangulaire dont le grand côté est horizontal). Pour les longues-vues, les rotules tridirectionnelles ne sont d’aucune utilité. Une rotule bidirectionnelle ou « vidéo » convient parfaitement.

L’autre différence est que la réalisation de films nécessite des mouvements fluides de la caméra, ce qui n’est pas aussi nécessaire pour prendre une photo. Les bonnes rotules vidéo sont donc nettement plus fluides et précises dans leur mouvement que la plupart des rotules photo, ce qui sera très utile avec une longue-vue, et en particulier si on souhaite l’utiliser pour de la digiscopie.

Le bon choix pour le digiscopeur est donc de se diriger vers une rotule « vidéo » de bon niveau.

Olivon TRH 10 : rotule à colliers de serrage insuffisante pour la digiscopie

Les rotules à disques de friction

Dans ces rotules, les mouvements sont amortis par une graisse épaisse reliant deux disques rainurés tournant l’un contre l’autre (« fluid cartridge » en Anglais). Le système est le même pour le tilt et le pan. Des papillons assurent le serrage des disques et bloquent le mouvement. Sauf sur des modèles professionnels sophistiqués, l’amortissement du mouvement (le « drag » en Anglais) n’est pas ajustable. Si on veut le modifier, il faudra démonter et changer la graisse.

Avantages : bonne fluidité et poids raisonnable (env. 1 kg) pour les modèles courants, prix raisonnables, démontage et entretien faciles

Faiblesses : précision au blocage laissant à désirer, retenue insuffisante pour des instruments lourds et/ou présentant un grand porte-à-faux qui peuvent basculer violemment vers l’avant ou l’arrière (plaque d'équilibrage nécessaire !!!)

Manfrotto 128 RC : rotule généraliste à disques de friction dont les performances sont moyennes en digiscopie

Les rotules à disques de friction sont des « grands classiques » pour les trépieds de longue-vue. La Manfrotto 128RC ou son clone Olivon 154-11 sont parmi les modèles très répandus. Elles sont moyennement performantes en digiscopie et demandent une attention particulière de l’utilisateur quant au basculement du digiscope (une platine d’équilibrage aidera beaucoup) et une certaine pratique pour lutter contre l’imprécision nuisible au moment du blocage. En effet, la plupart des rotules à disques de friction n'ont pas été conçues pour les longues-vues mais pour la photo.

Notre partenaire TopOptics vous aidera à bien choisir votre rotule, en fonction de votre matériel et de votre usage : www.topoptics.biz

 Les rotules à ressort de rappel

Dans ces rotules, pour le mouvement du « tilt », un ressort rappelle la rotule en position horizontale (« counterbalance spring » en Anglais). Le ressort est calibré pour exercer un certain effort de rappel qui, dans les modèles les plus sophistiqués, est réglable. Les mouvements de tilt et de pan sont rendus fluides par des disques de friction ou un système hydraulique.  Certaines rotules à ressort de rappel disposent d’office d’une platine de fixation permettant l’équilibrage de la charge, pour faciliter la tâche du ressort.

Avantages : mouvements fluides et très précis, basculement de la longue vue ou du digiscope contrôlé, grand confort d’utilisation

Faiblesses : prix un peu plus élevés que ceux des rotules à disques de friction, poids plus élevé dans certains cas.

Olivon TRH-16 : rotule à ressort de rappel excellente en digiscopie, mais plus lourde

Les modèles de rotules à ressort de rappel les plus légers conviennent très bien pour la digiscopie car ils combattent efficacement le déséquilibre du digiscope et permettent un pointage très précis, sans mouvement après blocage, ce qui est très précieux. Combinés à une platine d’équilibrage (pas toujours nécessaire), ils constituent une solution idéalement efficace. Le modèle léger Manfrotto 701HDV ou la robuste TRH-16 d'Olivon en sont des exemples.

Les rotules hydrauliques

Dans les rotules hydrauliques, les mouvements sont contrôlés par un système de bain d’huile qui les rend exceptionnellement fluides et précis.

Avantages : mouvements très fluides et précis, grand confort d’utilisation

Faiblesses : poids et prix généralement plus élevés que ceux des rotules à disques de friction, drag assez élevé signifiant une certaine lenteur de mouvement

Les modèles les plus volumineux et sophistiqués, conçus pour guider les caméras professionnelles, sont hors de prix. Mais il existe cependant des rotules hydrauliques légères et de prix démocratique comme par exemple les "Fluid Head" de Velbon développées spécifiquement pour les longues vues et qui intègrent d'office une platine d'équilibrage. Elles conviennent parfaitement à la digiscopie.

Velbon FHD 71Q : rotule hydraulique compacte avec platine d'équilibrage : excellente en digiscopie.

Les conseils de Digiscopie.info

• Ne cherchez pas à épargner 10 EUR sur votre rotule, son rôle est primordial (idem pour le trépied !)

• Ne choisissez pas un modèle à collier de serrage sauf si, réellement, chaque gramme compte dans votre bagage

• Si votre équipement est de taille « standard » : longue-vue de 80mm, adaptateur léger et APN compact, une rotule à disques de friction peut être satisfaisante sans être parfaite. Une plaque d’équilibrage vous sera alors très utile

• Si vous travaillez avec un appareil reflex et/ou une longue-vue de fort diamètre, si vous cherchez un « plus » en matière de précision du mouvement et si quelques grammes et euros supplémentaires ne vous effraient pas, optez pour une rotule à ressort de rappel ou une rotule hydraulique. Cela fait VRAIMENT la différence.

• Ne choisissez pas votre rotule au hasard.  Demandez conseil à un (vrai…) spécialiste ou essayez le modèle avec votre matériel.